Un soir, j'invitai deux de mes camarades du Conservatoire, un Brésilien et un Cubain. Comment aurais-je pu savoir que ce serait ma dernière nuit dans cette maison que pourtant j'aimais tant ? Nous veillâmes tard dans la nuit. Vers 3 h du matin, avant de m'abandonner au sommeil, je vis une ombre passer devant la fenêtre qui donnait sur la cour. Quelqu'un se serait-il introduit secrètement en enjambant le mur ? Au même moment, j'entendis frapper sur la fenêtre de la chambre, du côté de la rue, ou dormait mon invité cubain. Après vérification, je découvris que c'étaient les deux frères.

Je me dirigeai vers la deuxième fenêtre et reçus l'ordre d'ouvrir. Je flairai immédiatement le danger. Mon ami cubain prit peur. J'ouvris la porte. Le grand entra tandis que le petit, sur lequel je gardais un oeil, tâchait de se dissimuler derrière un arbre. Le premier, un couteau à la main, avait un uniforme militaire, il était ivre et me menaça : «Je vais te tuer». Le second, qui était entré entre temps, portait une matraque. Tous deux me reprochaient que je ne les respectais pas. «Dans ce quartier, nous sommes les chefs, il te faut payer la protection que tu nous dois».